LA
DÉTENTION DES CHIENS DANS LES LOGEMENTS LOCATIFS
« Est réputée non écrite, toute stipulation
tendant à interdire la détention d’un animal dans un local
d’habitation dans la mesure où elle concerne un animal familier.
Cette détention est toutefois subordonnée au fait que ledit animal
ne cause aucun dégât à l’immeuble ni aucun trouble de jouissance aux
occupants de celui-ci ».
Il est donc possible de mettre en demeure le propriétaire d’un
animal de s’en séparer, sous peine d’expulsion, mais uniquement au
cas par cas, en présence de dégâts causés à l’immeuble ou de
troubles de jouissance dont se plaindraient ses occupants.
Le 5 juin 1998, la Cour d’Appel de Versailles a prononcé la nullité
d’un règlement d’Office Publique d’HLM qui interdisait de façon
générale la détention de chiens présumés dangereux dans ses
immeubles ; tous les règlements de même nature sont illégaux.
indique qu’à partir du 30 avril 1999 (date
d’entrée en vigueur de la loi), il sera possible d’interdire à de
nouveaux locataires la détention de « chiens de 1ère catégorie »,
(les chiens de 2ème catégorie n’étant pas visé) c’est à dire, selon
l’arrêté interministériel du 27 avril 1999, les chiens de type
Pitbull, American Stafforshire Terrier, Boerbull et Tosa Inu, qui ne
sont pas inscrits à un livre généalogique reconnu par le Ministère
de l’Agriculture et de la Pêche (J.O. du 30 avril 1999).
Cette nouvelle loi ne sera donc pas applicable aux propriétaires de
chiens, locataires avant le 30/04/1999, et dont les animaux n’ont
causé aucun dégât à l’immeuble ni trouble de jouissance à ses
occupants car cette loi n’est pas rétroactive. (Article 2 du Code
civil : « La loi ne dispose que pour l’avenir ; elle n’a point
d’effet rétroactif ».). En effet, la loi du 6/01/99 ne peut remettre
en question les baux signés sous les dispositions de l’ancienne loi.
Cette interdiction concernera donc exclusivement les locataires qui
voudraient emménager dans un nouveau logement postérieurement au 30
avril 1999 et possèdent déjà un chien de1ère catégorie.
De même, si votre ancien bail prévoyait (à tort) l’interdiction
d’animaux familiers dangereux, la nouvelle loi ne validera en aucun
cas cette disposition d’ordre général ; et au delà, étant donné que
tout renouvellement de bail doit se faire aux mêmes clauses et
conditions que l’ancien bail, les droits des locataires, actuels
propriétaires de chien, sont immuables.
Monsieur DURAND, locataire et propriétaire d’un Pitbull depuis 5 ans est mis en demeure par son OPHLM de s’en séparer sous peine d’expulsion car il est présumé dangereux ; pourtant il n’a jamais mordu personne ni causé le moindre problème à l’immeuble ou aux autres locataires :
• si elle est fondée sur un règlement intérieur
affiché dans l’immeuble, la mise en demeure est irrégulière car le
règlement est illégal,
• si elle est fondée sur la nouvelle loi, la mise en demeure est
irrégulière car Monsieur DURAND possédait ses chiens avant que cette
loi ne soit votée,
• si elle est fondée sur un constat relevant des dégâts causés à
l’immeuble ou des troubles de jouissance, la mise en demeure peut
être régulière, mais Monsieur DURAND ne pourra être expulsé que sur
la décision d’un juge judiciaire, après un procès équitable et
contradictoire au cours duquel Monsieur DURAND pourra exposer ses
moyens de défense.
Finalement, puisqu’il l’a acquis avant la nouvelle loi, quel que soit le chien de Monsieur DURAND, il pourra le conserver, dans la mesure où il ne cause ni dégât ni trouble de jouissance.