NE PAS
ABANDONNER LES CHATS
QUI NOUS FONT CONFIANCE !!!
Catherine Jullien, Présidente de l'Association du chat libre
L'association du chat libre, située à quelques kilomètres de Marseille dans les Bouches-du-Rhône, s'emploie à offrir une vie protégée et décente aux chats abandonnés ou nés dans la rue. Le refuge les accueille, les soigne et les sauve d'une mort certaine. Aujourd'hui, ce refuge qui tourne depuis quinze ans, se trouve menacé. Sa présidente, Catherine Jullien, lance un cri d'alarme.
Texte Frédérique Pinardaud du Magazine Côté Chat
Côté Chat (CC) : Comment est née l'association
du chat libre ?
Catherine Jullien (CJ) :
L'association a été créée par deux femmes,
Raymonde Guidetti et Dali Bouzitoune, à la fin des
années soixante-dix. Elles ont débuté en recueillant des
chats errants et abandonnés. Comme il y en avait de plus
en plus, elles ont cherché un terrain à louer sur lequel
ont été aménagés les logements des chats. Une des
fondatrices, Mme Bouzitoune, est malheureusement décédée
tandis que la seconde a décidé de démissionner après
quinze années de travail acharné. Les bénévoles se sont
réunis et j'ai été élue présidente. Depuis, le nombre de
chats laissés pour compte va toujours croissant et notre
refuge a pris une extension considérable.
CC : Qu'apporte cette association
aux chats que vous hébergez ?
CJ : D'abord
une "maison". Un endroit où ils sont accueillis, testés,
vaccinés, tatoués et nourris. Bien nourris en plus, car
nous leur donnons des pâtes, des croquettes, des boîtes,
des légumes et des vitamines. Les chats malades suivent
un protocole de soins. Les chats positifs à la leucose
résident dans des enclos séparés. Beaucoup de nos chats
sont beaux et respirent la santé. Ceux-là, nous nous
efforçons de leur trouver une famille d'accueil. Nous
plaçons environ quatre-vingts chats par an, c'est pas
mal ! Ils sont bien sûr suivis après et nous recevons
des nouvelles de nos ex-pensionnaires régulièrement. Les
autres matous, trop vieux ou malades pour être adoptés,
restent au refuge pour couler des jours paisibles. Nous
sauvons d'une euthanasie certaine tous les chats
lâchement abandonnés et récupérons les compagnons des
personnes âgées après leur décès, leur départ à
l'hôpital ou en maison de retraite. Aujourd'hui nous
avons 180 chats au refuge.
CC : Quelle est votre mission ?
CJ : En
dehors du refuge, nous menons une campagne de
stérélisation des chats de quartiers pour éviter la
prolifération. Les femelles des rues sont piégées,
stérélisées et nourries, d'où le nom de l'association
car nous en faisons des chats libres. Fin 2003 nous
avions stérélisé environ 620 chats et placé 462 petits
chanceux dans de nouvelles familles sérieusement
sélectionnées. Lorsque nous recueillons des mères avec
leurs portées, nous attendons deux mois puis confions
les chatons à une association. Nous gardons les mamans.
Du coup nous n'avons que des adultes. Les chats qui
n'ont pas la chance d'être adoptés restent au refuge,
transformé en maison de retraite. Notre doyenne a 18
ans. Elle s'appelle Déborah et
témoigne des bons soins apportés à tous nos animaux.
CC : Au niveau de l'organisation,
comment faîtes-vous ?
CJ : Nous
sommes douze bénévoles, que des femmes (sauf deux
messieurs qui viennent nous aider pour quelques travaux
de clôtures par exemple) avec un travail en dehors du
refuge. Nous avons toutes soufflé nos trente bougies
depuis... plusieurs années, et l'association représente
beaucoup de travail pour nous. C'est une sorte de
fourmilière où chacune a sa liste de tâches à accomplir
dans la journée. Pendant que certaines nourrissent, les
autres nettoient, etc. Nous avons également une bénévole
qui s'occupe de la partie administrative. De mon côté,
je consacre tout mon temps libre (sauf le dimanche...)
au refuge et à la marche de l'association.
CC : Financièrement, qui participe
à l'entretien des chats et du refuge ?
CJ : Nous
ne bénéficions d'aucune aide, ni de la région, ni du
département, ni de la municipalité. Nous dépendons de
dons de bienfaiteurs et tous les bénévoles mettent la
main au portefeuille lorsqu'il s'agit de financer une
opération pour sauver un chat. En plus de nos 300
adhérents qui cotisent, nous arrondissons les fins de
mois en organisant des tombolas, des lotos, des
brocantes et des vide-greniers. Evidemment, on est
toujours ric-rac. On envisage aussi le parrainage par
des personnes qui se débarassent de leur chat chez nous.
On s'en occupe et en échange, elles nous apportent un
peu d'aide. Enfin, ça marche avec ceux qui se déclarent
car nous retrouvons souvent un panier seul laissé devant
la porte du refuge. Tenez, la semaine dernière on nous a
laissé un magnifique chat à poils mi-longs type chat des
forêts norvégiennes avec un joli collier rose à
clochette dans un panier, abandonné...
CC : Comment envisagez-vous
l'avenir ?
CJ : A vrai
dire, pas très bien... Le souci majeur est que nous
avons été expulsés du terrain dont nous étions
locataires depuis quinze ans. La propriétaire voulait le
récupérer afin de le vendre. Nous avons déjà trouvé un
autre terrain mais il y avait tout à refaire dessus.
Débroussaillage, nivelage, installation de chalets, nous
avons fait le maximum de travaux avec nos petites mains
! Les installations à mettre en place doivent répondre
aux normes sanitaires de la D.S.V. (Direction des
Services Vétérinaires) et ça coûte cher ! Faute de
moyen, notre budget étant consacré entièrement aux soins
et à la nourriture des pensionnaires, nous n'avons pu
installer l'eau et l'électricité dans notre refuge
actuel. L'hiver, les chats se pelotonnent dans de
grosses couvertures, l'été ils font la sieste sous les
oliviers. C'est un bénévole qui nous apporte 500 litres
d'eau par semaines.
CC : Je crois que vous avez un
appel au secours à lancer...
CJ : Oui,
c'est juste. Nous ne supportons pas l'idée de voir 17
années de travail s'anéantir d'un seul coup, c'est
pourquoi nous lançons un appel à la générosité de tous
les amoureux des chats. Même les dons les plus modestes
seront les bienvenus, c'est toujours un peu plus de
confort pour les chats. Il faut que notre refuge survive
pour que nous puissions continuer à sauver des vies
félines et apporter toujours la même sérénité aux 180
chats qui nous ont donné leur confiance.
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