LES CHATS DE STELLA
Interview : Jeannine Borde
"Arrêtons
les caprices d'enfants"
Les chats de Stella font figure d'exception au milieu de la multitude d'associations dédiées à la cause féline qui luttent pour joindre les deux bouts et menacent d'abandonner à tout moment faute de soutiens de la population et des élus loxaux. L'association présidée par Jeannine Borde se porte bien et ses chats également. Un espoir dans l'océan de la misère féline...
CC : Quel est l'histoire des
Chats de Stella ?
Jeannine :
Au départ était le refuge de Gireau
créé grâce à la générosité de feu Madame Gireau. En 1963, elle a légué
sa maison ainsi que du terrain afin de créer un refuge pour chats
uniquement. Géré par l'U.P.A.C de Cagnes sur Mer (Union Protectrice
des animaux de la Côte d'Azur), le refuge a ensuite été repris pasr la
S.P.A. Cette dernière a émis le souhait de fermer le site pointé du
doigt, à l'époque, par la Direction des services vétérinaires pour non
respect des normes sanitaires. Les bénévoles du refuge, dont je
faisais partie, ne se sont pas laissés démonter, ont décidés de se
déclarer en association et présenté leur candidature pour le
reprendre. Deux autres associations étaient aussi sur les rangs mais
nous avons été choisis. Sans grandes garanties financières, nous
avions le soutien des habitants, des élus du département et du...
Président Chirac ! Ainsi, en l'an 2000 nous avons pu reprendre le
refuge avec un délai qui nous permettait de faire tous les travaux
nécessaires pour être aux normes. Dans les commencements, nous avons
signé un bail précaire avec la S.P.A. qui finalement nous a vendu le
refuge. Heureusement, le montant de tous les travaux de mise en
conformité du site effectués par nos soins ont été défalqués du prix
de la vente. C'est ainsi que depuis juin 2004 l'association possède le
refuge à part entière.
CC : Quel but s'est
fixé l'association ?
J :
Protéger les chats de la région et
faire en sorte que les habitants du refuge mènent une vie agréable
jusqu'à la fin. Nous agissons sur plusieurs fronts : les chats
abandonnés sont recueilleis et hébergés au refuge après avoir été
testés leucose, vaccinés et stérélisés. Les plus jeunes sont très vite
adoptés, tandis que les moins sociables, les handicapés ou les chats
trop vieux sont hébergés au refuge - pour le restants de leurs jours !
C'était le voeu de Madame Gireau et nous le respectons complètement.
Pour ces chats, nous avons une formule de parrainage où une personne
nous verse une somme forfaitaire par an et reçoit très régulièrement
des nouvelles de son protégé. Au niveau des adoptions, nous demandons
aussi une somme qui couvre les frais vétérinaires. Pour les chats des
rues que nous ne pouvons recueillir, nous organisons des campagnes de
"non prolifération" sur des ^lots de chats situés sur les différentes
communes qui nous financent ces actions. Des nourriseurs se rendent
ensuite sur les sites. Notre action sur les chats errants représente
cependant 22 % de notre budget vétérinaire qui lui se monte à 46 % du
budget total de l'association ! Et encore nous bénéficions des tarifs
négociés !
CC : Justement,
parlons argent, qui vous soutient financièrement ?
J :
Nous vivons grâce aux adhésions de
nos 790 membres qui sont soit titulaires pour 20 euros soit
bienfaiteurs pour 46 euros mais aussi aux parrainages et aux dons dont
le montant est libre. L'association 30 millions d'amis nous aide
énormément. L'année dernière, elle a pris en charge les travaux de
rénovation du site et nous alloue chaque année une enveloppe dédiée
aux frais vétérinaires. Nous avons également des mécènes et des
représentants prestigieux. Notre marraine n'est autre qu'Arielle
Dombasle et notre président d'honneur le peintre Nall. Ce dernier
organise des ventes de tableaux tous les quatre ans dont la recette
est entièrement consacrée aux chats ! La dernière nous a rapporté
65.000 euros. D'autre part, comme nous étions liés à la S.P.A., cette
dernière nous rétrocède les legs qui ont été faits au refuge du temps
de leur gérance. Ainsi nous attendons un legs de 140.000 euros ! Mais
attention, tout compris, il nous faut compter 220.000 euros par an
pour faire tourner le refuge. Et encore, on tourne avec des frais de
gestions réduits (chacun travaille avec son propre matériel) et je
veille personnellement à ce que tout le monde respecte mon mot d'ordre
: économie, économie ! Lorsque nous partons en déplacement, tout est à
notre charge sauf le transport. Il ne faut pas oublier que nous
travaillons pour les chats et non pour nous. Nous organisons aussi
cinq manifestations par an : deux grandes braderies, deux brocantes et
un loto pour nous faire connaître et rentrer de l'argent. Et oui,
l'association est très active !
CC : Décrivez-nous la
vie des chats au refuge ?
J :
Nous abritons 268 chats qui vivent en
totale liberté dans un parc d'un hectare et demi clôturé et
électricfié. Un bâtiment principal est entouré de quinze chalets qui
abritent les chats qui vont et viennent au gré de leurs préférences.
Mais j'ai remarqué que lorsqu'un chat a choisi sa place, il y reste.
Nous avons aménagé les chalets avec des "lits superposés" recouverts
de couvertures et de linges changés tous les jours. J'insiste pour que
l'entretien du site prenne une place prépondérante, il en va de la
santé des chats et de l'hygiène général. Si vous voulez des chifferes,
nous utilisons 2000 litres d'eau de javel, 8 tonnes de boîtes et 3,6
tonnes de croquettes par an pour les 260 habitants à quatre pattes !
Le chiffre reste stable car le nombre d'adoptions (130 en 2005),
compense le nombre de nouveaux chats. Nous sommes une vingtaine de
bénévoles épaulés par deux employés à temps plein dont un responsable
et un gardien logé sur place, remplacés pendant leurs vacances par une
personne à temps partiel.
CC : Comment
envisagez-vous l'avenir ?
J :
Heureusement, avec confiance et sérénité.
Nous somme de plus en plus connus grâce à nos soutiens médiatiques et
politiques. Les gens peuvent venir visiter le refuge et aller caresser
les chats en liberté. Ils sont surpris par l'ordre et la propreté qui
règne au refuge et par la visible bonne santé de nos matous. J'ai
aussi une équipe très rigoureuse et efficace autour de moi. Ainsi
grâce à nos relations et à notre sérieux, le refuge vit bien. Nous
profitons de notre notoriété pour faire passer un message important :
un animal n'est pas un jouet que l'on a à Noël et dont on se
débarrasse à Pâques... Il a besoin d'être aimé et soigné et l'amour
qu'il donne e échange n'es pas mesurable e vous accompage toute la
vie. Il faut prendre en considération l'animal, arrêter les abandons,
arrêter les caprices d'enfants !
Article de Frédérique Pinardaud. Edité par AmbreAnge
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